L’oeuvre d’un passionné Jacques Olivier TRAVERS n’est plus à présenter. Eleveur, dresseur, concepteur et bâtisseur du parc, il est aussi co - auteur de films défendant la biodiversité. Très intégré au tissu de la région –formé à l’ornithologie au sein du plus grand parc d’oiseaux de France, Villars les Dombes – et plus jeune titulaire du certificat de capacité (22ans) pour la présentation de rapaces au public, en France, il crée à 24 ans « Les Aigles du Léman » : Près de 220 rapaces de 80 espèces sont hébergés dans ce parc, soit une des collections la plus importante au monde. Qui, avec une fréquentation de plus de 35 000 visiteurs par an, connaît un succès qui ne se dément pas.
Les « Aigles du Léman » : un site d’exception et une réussite dans le domaine de la conservation d’espèces menacées.
JO TRAVERS a su amener les rapaces au plus près des gens, par une approche « punchy » en commençant à se produire dans différentes manifestations avec ses aigles.
J.O TRAVERS avec Eva MEYRIER, biologiste
- Présentation d’un condor des Andes à cheval en 2005 à Caen, lors du spectacle des « Chevaux d’or ».
- Vol d’un aigle sur un glacier en suivant un free-rider dans la pente pour « la nuit de la glisse » en 2005.
Et autres (Tournoi de la FIFA, Cimetière américain d’Omaha Beach…)
Il a aussi commencé à poser des caméras sur les oiseaux : images exceptionnelles qui vont faire le tour du monde ! La mer de glace, Paris, Londres, Cologne, Dubaï… les 6 minutes en direct du haut de la tour Burj Khalifa ont été vues par près de 1 milliard de personnes à travers le monde !
Surtout, il aide des oiseaux, nés en captivité, à voler à nouveau en pleine nature. Or un oiseau né en captivité ne sait pas voler, il sait se déplacer d’un point A à un point B mais voler demande d’utiliser le vent, les thermiques, le relief… Il les accompagne donc en pleine nature pour leur montrer comment voler ( en parapente, ski, kayak, à cheval etc. Méthodes incroyablement efficaces pour les oiseaux, mais qui permettent aussi de sensibiliser le public, grâce à des images spectaculaires et poétiques.
Derrière tout ce vécu et ces expériences, un véritable amoureux des rapaces et de la Nature en général qui entend bien maintenir un maximum d‘espèces. Le nombre des immenses volières biotopiques et impeccables du Parc ne cesse de croître. « Une étude américaine montre que d’ici quelques années, nous allons perdre environ les deux tiers des espèces présentes sur Terre. « . Il insiste sur l ‘importance du travail de conservation effectué par parcs zoologiques et éleveurs. « C’est notre devoir ». Mais il indique combien il est essentiel de procurer à ces animaux les meilleurs conditions de vie possibles : « Je pense que je leur fais du bien. Je le leur dois. Il faut leur donner les meilleures conditions de vie possibles.
Et il est certains que s’il existe un paradis pour les oiseaux, le site des « AIGLES « n’en est pas loin.
Le site
Le Parc est un lieu magique : situé sur la commune de Sciez, entre Genève et Thonon, il est impeccablement entretenu.
Partout est manifeste la volonté d’un homme de donner le meilleur à ses protégés. Et que cette volonté est partagée par toute une équipe qu’il sait animer avec notamment Eva MEYRIER, biologiste, plus particulièrement en charge du programme de réintroduction.
Les oiseaux sont sortis régulièrement pour étirer leurs ailes et prendre de l ‘exercice, que ce soit en spectacle ou non.
Il est évident que les sorties sont moins dictées par des impératifs économiques que par la conscience du besoin de l’animal.
Les volières immenses sont bordées d‘arbres. De hauts filets inspectés et réparés tous les jours pour assurer leur sécurité. Afrique, Asie, Europe..Les biotopes d’origine sont respectés : volières de repos, grandes volières de vol, rochers et herbe pour les condors, perchoirs abrités pour le repos des chouettes et hiboux etc etc. Le Parc possède la plus grande volière du monde pour rapaces, assurant ainsi une régularité dans l’accès au vol à chaque pensionnaire.
On sent très bien que toute l‘équipe du Parc (une dizaine toute l’année jusqu’à vingt cinq en saison) est guidée dans tous ses gestes par le souci de bien traiter l’animal qui leur est confié ; on voit passer les rapaces entre les cages avec leur soigneur ou soigneuse, sans cage, juste sur les poings abrités par le gant. Sans plus de précaution que le harnachement minimal de sécurité. Il est évident que l’animal est autant en confiance que possible pour un être qui reste sauvage.
Certains oiseaux plus sociable que d’autres peuvent être posés sur le poing d’un spectateur, tout heureux et fier de ce contact accepté. Moment de partage où le soigneur échange sur son protégé et les enfants, avec une visible joie et fierté. Un hibou (Grand Duc) aux grands yeux orange est particulièrement bavard et tient à échanger aussi en son patois ; Tandis qu’une autre soigneuse passe plus vite avec son oiseau, en faisant un écart. Cet aigle-là n’est pas très sociable et on respecte son caractère ; il va rejoindre sa volière pour retrouver son calme.
L
essayer c’est ..l‘adopter !
Dès qu’il fait beau, le Parc est envahi de familles à qui il offre, outre de nombreux spectacles, des restaurants en plein air et des tables de pique-nique au bord d’un torrent. Bucolique et idyllique. On recommande le « Balbu’bar » avec vue sur volière...ou le restaurant principal à l’entrée : la tarte aux myrtilles est une tuerie. Bravo au Chef.
Il y a même un « Lapinodrome « et des chèvres pour les plus petits.
Le Parc a d‘ ailleurs des projets en cours avec divers établissements scolaires de la Région, conformément aux objectifs pédagogiques donnés à tous les Zoos.
Le programme « Pygargue »
Le Parc est membre du Programme National d’Action, fixé par le Ministère de l’ Ecologie, et qui réunit scientifiques, parcs et associations autour de la protection d’une ou plusieurs espèces ( le Balbuzard et le Pygargue en ce cas).
Pour le Pygargue, c’est la première fois qu’un zoo mène un programme de conservation de A à Z.
P ygargue à queue blanche : Photo : crédit : Aigles du Léman
Ce Programme concerne le plus grand aigle d’Europe, l’Haliaeetus albicilla - Pygargue à queue blanche, dont il ne reste plus que 2 500 sujets :
Le Programme élève des aiglons produits par 10 couples de Pygargues à queue blanche en captivité sur le site du parc animalier Les Aigles du Léman à Sciez-sur-Léman (74). Et prévoit de relâcher annuellement entre 6 et 14 jeunes sur le bassin lémanique.
L’originalité du projet est de permettre au grand public de s’approprier ce programme en le rendant accessible à tous. La « Maison des pygargues », un espace où se tient une exposition et une projection de film, montre les oiseaux grâce à un système de caméra dans les nids. Les animateurs les expliquent.
Les problématiques scientifiques sont :
- Comment optimiser la reproduction d’un grand nombre de couples de pygargues sur le lieu-même de la réintroduction tout en gardant une distance avec l’Homme, pour ne pas mettre en péril le retour des jeunes dans la nature ?
- Comment améliorer l’acceptation locale (grand public, professionnel socio-économique, association de pêcheurs, de chasseurs…) du retour d’un top prédateur ?
- Mise en place de base de données scientifiques pour le suivi du programme sur plusieurs années.
Par ailleurs, le projet est suivi avec rigueur : les oiseaux sont identifiés et ont fait l’ objet de séquençages génétiques (coût : 150 euros par séquençage, avec une carte individuelle par animal). Une base de données a été créée, permettant de suivre les souches et les sujets. Des échanges sont pratiqués avec différents éleveurs, et un programme semblable en Espagne. Le zoo travaille constamment dans un esprit de partage, toujours dans l ‘intérêt de l‘animal ( la consanguinité est à éviter absolument). Et, beau succès de ce travail de conservation, la tendance s’est inversée et cette espèce menacée est passée en « préoccupation mineure « sur l’échelle UICN !
Pygargue et son regard ..d’aigle ! Crédit photo : Aigles du Léman
Retrouver le lien avec la Nature
J.O TRAVERS souligne une grande dérive actuelle : trop d’ émotion, pas assez de science et de raisonnement.
Les femmes et hommes modernes sont de plus en plus privés par le mode de vie moderne des connaissances de base de comment fonctionne la Nature, déplore- t- il. En effet, autrefois, on savait que le chien de troupeau a un travail à faire et qu’il est fait pour cela. A présent, l’homme manque de savoirs précis sur les différentes espèces. Du coup, il substitue à un savoir véritable et scientifique des réactions épidermiques irrationnelles centrées sur sa sensibilité ou ses propres besoins : et souvent anthropomorphiques, à tort.
Ainsi, certains défenseurs des animaux focalisent sur la captivité, la notion de « cage » étant vue comme un obstacle à la liberté de l’animal. Vue d’un point de vue anthropomorphique, elle est associée au concept de privation.
C’est fondamentalement ignorer que l’animal est mené non par des considérations philosophiques sur la notion de liberté, mais par celles de sa survie : Manger, ne pas se faire manger, se reproduire. Si ces conditions sont réunies, il est dans de bonnes conditions. On ne peut parler de « bien-être », notion humaine impliquant une verbalisation, mais certainement de « bien traitance ». Attestée par des évaluations du niveau de stress qui montrent qu’un animal nourri, protégé et qui peut se reproduire sans danger, est bien traité et va le montrer en demeurant sur place ou en revenant nicher, ce qui se produit au Parc.
JO TRAVERS tient à rappeler que traiter correctement un animal repose d’abord sur de solides connaissances sur son alimentation, son habitat, et ses habitudes. Il s’amuse à raconter qu’un oiseau ayant volé plus de 2 500 km en été a été tout à fait satisfait de se cantonner à un périmètre de 1,2 km pendant l’hiver. Il faut revenir à des faits et observations scientifiques avant de juger ou condamner.
Encore une fois, la visite de ce parc montre à chaque pas le profond respect des femmes et hommes qui y travaillent pour les êtres qui leurs sont confiés.
A visiter en famille ou amis ! 4 spectacles par jour de mai à septembre.
ENTRE PARENTHESES : L’horrible histoire de « Sciez » ou comment mieux informer encore pour défendre les espèces menacées ?
« Sciez », un jeune Pygargue queue blanche relâché en août 2022 dans le cadre du programme de réintroduction des pygargues à queue blanche dans l’arc lémanique a été retrouvé mort le 1er avril 2023 dans le nord-ouest de l’Allemagne.
Soit un an jour pour jour après sa naissance dans les volières du parc animalier des Aigles du Léman, à Sciez en Haute-Savoie, dont il portait le nom.
Le plus atroce est que ce jeune rapace a été abattu par balle et mutilé. Sa tête et ses pattes ont été coupées, pour être emportées comme trophée. Exactement le genre de pratique qui avait causé la disparition, il y a 130 ans, du plus grand aigle d’Europe occidentale des bords du Léman.
Un véritable crève-coeur pour Jacques-Olivier Travers et son équipe. Qui peu de temps auparavant partageaient leur joie, et la vidéo d ‘un premier vol acrobatique de cet oiseau, qu’ils ont vu naître et grandir.
«Nous avons d’abord cru à une collision avec un véhicule, car la dernière position de sa balise le plaçait sur le bord d’une route reliant la ville de Reken à celle de Lembeck», confie-t-il. « Nous avions envisagé tous les scénarios pour cette période où les jeunes pygargues partent découvrir le monde avant de revenir au bout de deux ou trois ans nicher à l’endroit où ils sont nés. Mais nous n’aurions jamais pensé qu’en 2023, il y aurait encore des lâches pour tirer sur un jeune aigle», commente- t il.
L’autopsie a révélé une blessure par balle – vraisemblablement à l’aide d’une carabine 22 Long Rifle – . Tous les éléments ont été transmis à l’Office français de la biodiversité qui a saisi son homologue allemand et ouvert une enquête. Celle-ci est presque arrivée à terme et, lorsque le Procureur aura délivré l’autorisation de saisir les réseaux téléphoniques, le coupable devrait être officiellement identifié.
«Cela montre que notre travail d’information doit se poursuivre pour mieux protéger ces aigles pêcheurs et nous voulons que la mort de «Sciez» serve au moins à cela.» déclare M. TRAVERS. Le dialogue avec tous les acteurs de la Nature doit s’intensifier.
En même temps, lorsque le coupable sera retrouvé, il conviendra que la punition soit exemplaire. Tous les amoureux des animaux ont été très choqués par cette mort absurde et injuste, qui non seulement frappe un jeune être vivant à l’aube de sa vie, mais en plus réduit à néant le travail de toute une équipe et les liens unique tissés entre homme et animal.
La biodiversité est notre enjeu planétaire le plus vital. On pourra toujours rebâtir des villes ou trouver de nouveaux carburants. Mais une espèce qui disparaît ne revient jamais : cet enjeu- là est dramatique et il est de notre responsabilité de défendre un règne animal dont une partie de la survie dépend de nous.
CHRISTMAS IS COMING :
UN PARENT, FILS OU NEVEU FAN DE NATURE ?
Pour faire un cadeau original, instructif et durable, offrez un abonnement d’un an à la plateforme de suivi des aigles .
Grâce aux caméras dans les nids et aux balises GPS, les « Aigles du Léman » vous offrent une occasion unique de vous approprier un morceau de nature. Voir naître, grandir et s’envoler un des aiglons du programme de réintroduction : un privilège et une joie. Le spectacle de la Nature accessible depuis n’importe quel ordinateur, de n’importe où dans le monde et n’importe quand.
Une excellente façon de nous aider aussi à faire revenir notre biodiversité.
Abonnement de 50 euros pour un an accessible sur forme de bon cadeau sur le site internet
lesaiglesduleman.com.
Propos recueillis par notre envoyé spécial au bord du Léman.
sarah AUSSEIL